mercredi 9 février 2011

Le Japonais... Ou comment cette langue n'est pas du chinois

« Ce que tu racontes, c'est du chinois. »
Et ben non. Raté. C'est du Japonais. Et à cause de l'expression française qui veut que tout ce que l'on ne comprenne pas vienne de Chine, on a tendance à tout mélanger. Parce que le chinois et le japonais sont des langues distinctes et ce, même si ils ont effectivement quelques signes en commun, les japonais ayant empruntés certaines de leurs idéogrammes à leurs voisins. Demandez aux étudiants chinois qui s'arrachent les cheveux sur leurs cours de japonais...
Alors pour rectifier ce petit malentendu, voilà un petit cours de rattrapage de japonais. Ou comment le japonais n'est pas du chinois.

À la différence du chinois, le japonais a un alphabet... ou plus précisément un syllabaire. Ça n'a l'air de rien comme ça, mais ça facilite quand même beaucoup les choses puisque ça signifie qu'avec un nombre limité de caractères on peut écrire le japonais, alors que ce n'est pas possible en chinois où chaque signe correspond à un mot. Ainsi, en japonais, grâce aux Hiraganas, un syllabaire, on peut reproduire les 46 sons qui composent la langue japonaise. 

Les hiraganas

46 ? Seulement ? Et ben en fait... pas vraiment. Voir pas du tout. Avec ces signes, il est possible d'écrire l'ensemble des mots en japonais et de se faire comprendre, mais il suffit d'ouvrir un journal japonais ou de parcourir une ville japonaise et de tenter de lire les panneaux pour se rendre compte que les hiraganas ne suffisent pas. Car en plus de ces derniers, il y a deux autres façons d'écrire le Japonais. -_-'

En plus des hiraganas, signes assez simples et curvés, il existe un autre syllabaire aux signes plus ingras: les katakanas. Ces derniers sont 46 aussi et représentent les mêmes syllabes que les hiraganas... Leur utilisation, cependant, diffère (évidemment, vous me direz, sinon, ça servait à rien de les ajouter...). En effet, ils sont essentiellement utilisés pour retranscrire les mots d'origine étrangère. Ainsi, quand on déchiffre les katakanas, on peut reconnaître certains mots tels que Ka-ra-o-ké (Karaoké ^^), Ko-n-pyu-taa (Computer ou Ordinateur) ou encore Pu-re-ta-po-ru-te (Prêt à porter...). La plupart viennent de l'anglais, mais certains ont des racines portugaises, allemandes et donc françaises. Les katakanas, enfin, peuvent servir à mettre en gras un mot d'origine japonaise: à la façon dont on soulignerait un mot dans un texte en français, certains mots d'origine japonaise sont mis en katakanas pour être mis en valeur.

Les katakanas

Hiraganas et katakanas sont les premiers signes que l'on apprend quand on se lance dans l'apprentissage du japonais... mais un nouveau coup d'oeil à un journal en japonais suffira à faire comprendre à l'étudiant qu'un long chemin reste encore à parcourir. Des signes plus compliqués les uns que les autres qui n'ont rien à voir du tout avec ce qu'il vient juste d'apprendre... Il vient de faire la connaissance des kanjis, ces signes d'origine chinoise pour la plupart (d'où la probable confusion entre ces deux langues) qui viennent remplacer les hiraganas dans les textes: ils se lisent de la même manière que ces derniers mais ne s'écrivent pas pareil. 
 
Français
Romaji
Hiragana
Kanjis + hiraganas
Manger
Ta – be – ma – su
た – べ – ま – す
– べ – ま – す
Boire
No – mi – ma – su
の – み – ま – す
– み – ま – す
  Hiraganas et Kanjis

Il faut en connaître 1945 pour être capable de lire un journal japonais. Leur apprentissage est long et difficile car, non seulement ils sont souvent difficiles à tracer, mais en plus car il y a plusieurs lectures. Pour un même signe, en fonction du contexte, plusieurs lectures peuvent être adoptées.  

Français
Romaji
Hiragana
Kanjis
Rêve
Yu – me
ゆ – め
Rêverie
Mu – sou
(prononcer Musoo)
む – そう
Le kanji se prononce « yume » quand il est seul, mais accompagné (par exemple) de , sa prononciation devient « mu ». voulant dire une idée, une imagination, la rêverie, en japonais, est la combinaison du rêve et de l'imagination.
Plusieurs lectures pour un même Kanji

La question étant pourquoi s'embêter à écrire autant de signes différents alors qu'avec moins de 50 cela suffit... et la réponse est assez simple: une fois que l'on maîtrise la lecture des kanjis, la lecture en japonais est plus rapide grâce au kanjis. En effet, leur utilisation limite le nombre d'hiraganas dans les textes et seulement quelques kanjis permet parfois de lire un texte en diagonal.

Ou comment même les chinois, qui sont habitués à ces signes butent sur la prononciation du japonais. Car si ils comprennent la plupart des kanjis utilisés en japonais (ce qui facilite beaucoup leur apprentissage), ils ne savent pas les lire correctement et c'est donc dans le vocabulaire qu'ils pêchent. Sans compter que japonais et chinois sont deux langues à la grammaire très différente. Alors que la phrase chinois adopte le même modèle que le français ou l'anglais, avec un sujet, suivi d'un verbe et d'un nom, le tout sans conjugaison, la phrase japonaise est, comme l'allemand ou le coréen, rythmée par des particules, avec un sujet, un complément, et à la toute fin, un verbe... avec une conjugaison très développée et un style oral très différent du style écrit (à l'oral, il n'est ainsi pas rare de supprimer la plupart des particules et de jouer sur les intonations). Ces particules étant en hiraganas et donc faites à partir de signes assez simples et revenant très souvent, il est assez facile de savoir si l'on se trouve face à un texte en chinois ou en japonais: si ces signes simples, tels que は (particule sujet), の (possessif, équivalent de « de ») ou を (particule objet), sont présents, alors le texte que vous lisez est en japonais !

Enfin, sachez pour conclure que les japonais n'ont de cessent de rendre leur langue plus accessible (à leurs étudiants ou aux étrangers... l'histoire ne le dit pas). Ainsi, faire du japonais une langue phonétique (avec la présence des syllabaires) ou limiter le nombre de kanjis nécessaires à la la lecture courante à 1945 signes différents (réformes qui se sont officiellement faites après la Seconde Guerre Mondiale), peuvent être vu comme une volonté de faciliter l'apprentissage du japonais. Mais on peut aussi noter l'existence de l'écriture Romaji, qui consiste à traduire en caractères latins le japonais, ou la présence des Furiganas, sortent de sous-titre des kanjis compliqués pour en indiquer la lecture, notamment présents dans les mangas et les oeuvres destinées au plus jeunes.

Alors, non, le japonais n'est pas du chinois... et si vous voulez vous rendre au Japon, autant vous y mettre tout de suite, car si il est plus simple que ce dernier, il n'empêche que français et japonais sont quand même des langues très éloignées...

Marièke POULAT

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