mercredi 9 février 2011

Le Nouvel An au Japon, à table et en dehors...

« 3, 2, 1... 0 ! Akemashite Omedetou Gozaimasu ! »

Et oui. Au Japon aussi il y a un décompte pour le Nouvel An... Mais c'est peut-être le seul point commun que l'on puisse trouver entre Nouvel An français et japonais: que ce soit à table ou en dehors, le Nouvel An japonais diffère grandement du Nouvel An Français. Pas de fois gras, pas de champagne non plus, ni de gui accroché au plafond ou encore de soirées arrosées entre amis. Le Nouvel An Japonais est une fête, marquée par une forte empreinte religieuse, qui se passe le plus souvent en famille durant les premiers jours de la Nouvelle Année autour de plats traditionnels et de rites souvent plus sociaux que religieux divers.


Si pour Noël, la tradition culinaire est assez limitée, le Christmas Cake étant la seule pièce ajoutée au repas habituel, le repas du Nouvel An au Japon a une place tout à fait particulière dans la culture japonaise. Alors, forcément, les fois gras, dinde aux marrons, bûche de Noël et consorts, si chers à notre Réveillon français n'ont pas leur place. C'est l'Osechi ryori, la cuisine traditionnelle, qui prime, adaptée aux traditions japonaises autour du jour de l'An. Cette dernière, composée de nombreux mets différents, est confectionnée par la maîtresse de maison plusieurs jours à l'avance. D'une part parce que le travail demandé par cette cuisine est important, mais aussi parce qu'il est de coutume au Japon de ne pas travailler au Japon les jours qui entourent le Jour de l'An1. Cette cuisine est ensuite conservée dans des boîtes de bois laquée, avant d'être servie au matin du Jour de l'An... Oui. Vous avez bien lu. Au matin du Jour de l'An.

Car c'est bien en guise de petit-déjeuner que cette cuisine est servie. En effet, à la veille du Nouvel An se sont des sobas, des pâtes, qui sont servies car elles auraient la vertu de pouvoir rendre pur, de laver le corps de l'année écoulée afin d'en entamer une nouvelle de la meilleure des manières. La cuisine traditionnelle attend donc la nouvelle année enfermée dans ses différentes boîtes. Elle est servie au petit déjeuner du 1er de l'An dans des boîtes individuelles. Dans chacune des boîtes compartimentées est disposé un peu de chaque plat, salé et sucré, le tout accompagné d'un bol de soupe traditionnelle et de riz. 

 Osechi
Les mets sont nombreux et les saveurs diverses, très différentes de ce que l'on peut connaître en France (et notamment pour le petit déjeuner...). On retrouve ainsi de nombreux fruits de mer, mais aussi différents légumes de saison cuisinés, comme de la racine de Lotus, appelé Ni Shime, ou de la purée de patate douce et de châtaigne, le kuri kinton.

 Ni Shime


Kuri Kinton


Un autre produit qui est très présent est le mochi. Faite de riz écrasé, pouvant être sous forme plus ou moins dure, cette pâte est particulièrement présente dans la période du Nouvel An et il arrive même que les familles se regroupent pour la préparer. Son goût est assez inexistant et sa texture est proche de celle du chewing-gum... tant et si bien que chaque année plusieurs personnes meurent étouffées à cause de lui... Il est par exemple à la base de l'Ozoni, cette soupe traditionnelle qui se sert dans le Kanto, région de Tokyo. 


Mochi Grillé

Ozoni
(sans bouillon ^^)


Le seul thème de la nourriture du Nouvel An au Japon permet de voir à quel point France et Japon sont deux pays différents dans leur manière de fêter le Nouvel An. Pourtant, cela ne s'arrête pas là. Manger son copieux repas dans des boîtes au matin du Nouvel An ne résume pas cet événement au Japon. Ce dernier se compose de nombreuses célébrations, notamment religieuses, mais pas que... on peut citer à titre d'exemple le Hatsumōde, ou première visite au Temple bouddhiste ou shintoïste de l'année (qui s'accompagne du brûlage d'encens, d'une prière, d'un don de quelques pièces de monnaie, ou encore de l'achat d'un omikuji, sorte de prédiction de la chance de l'année à venir). Les temples ne désemplissent pas du 1er au 15 janvier environ, avec pour certains d'entre eux la tenue de festivals, ou Matsuris, autour des temples, comme à Mishima auprès du Taïsha, le Grand Temple, où des stands sont mis en place pendant toute la nuit de la Saint Sylvestre.


Taisha

Feu de camp

Stand


En parallèle à ce pélerinage à la valeur plus sociale que religieuse, il existe des célébrations totalement sécularisées, comme le Hatsuhinode, premier lever soleil de l'année, ou le premier rêve de l'année, le Hatsuyume, qui revêtent une importance toute particulière. Les étrennes, les Otoshidamas, qui sont remises aux enfants dans des enveloppes décorées, sont aussi dépourvues de toute signification religieuse.

Aussi, avis aux touristes, le Nouvel An n'est pas forcément la bonne période pour voyager car si de nombreux festivals se tiennent, la plupart des restaurants, des musées, des parcs ou encore des services sont fermés ce qui ne facilitent pas les visites... sans compter que la plupart des célébrations se font à l'intérieur du foyer, en famille, où le touriste n'a pas sa place. Cependant, si vous vous trouviez au Japon durant cette période, profitez-en pour faire un tour dans les différents temples de votre ville: ils abriteront certainement des festivals et quoi de mieux que commencer l'année entre amis autour d'un feu de camp dans la cour d'un temple en mangeant des crêpes, des tacoyakis, des marrons grillés ou des dangos ?  



Tacoyakis

Dangos

Alors... Akemashite Omedetou ! (Et bon appétit ^^)


Marièke POULAT


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1) Ou comment il faut impérativement penser à retirer de l'argent avant le 1er Janvier au Japon car si la plupart des combinis (convinient stores) sont encore ouverts, les ATM ou distributeurs de liquides qu'ils renferment ne fonctionnent pas: les banques ne fonctionnent pas entre le 1er et le 3 Janvier, pas plus que les distributeurs des bureaux de poste...

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